Multiple ebitda par secteur 202 tendances, prévisions et analyse sectorielle
Multiple ebitda par secteur 202 tendances, prévisions et analyse sectorielle

Pourquoi le multiple EBITDA reste une boussole stratégique pour les PME

Que vous prépariez une levée de fonds, une cession ou simplement une évaluation interne, le multiple d’EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization ou résultat brut d’exploitation) est un indicateur incontournable pour estimer la valeur d’une entreprise. S’il était autrefois réservé aux grandes structures ou aux fonds d’investissement, il est aujourd’hui un outil de plus en plus exploité par les dirigeants de PME françaises.

Mais attention : un multiple EBITDA n’a rien de figé. Il fluctue selon le secteur, les tendances économiques, les taux d’intérêt et les perspectives de marché. Et donc, il ne suffit pas de jouer à la calculette. Une compréhension sectorielle fine est indispensable pour éviter les erreurs de valorisation.

Comprendre le multiple EBITDA : définition et mécanisme

Le multiple EBITDA est la multiplication de l’EBITDA annuel d’une entreprise par un coefficient, appelé « multiple ». Ce coefficient reflète ce que les acquéreurs potentiels sont prêts à payer pour 1 € d’EBITDA. Par exemple, si une société génère 1 M€ d’EBITDA et se vend 6 M€, cela signifie qu’elle s’est vendue à un multiple de 6x.

Il permet donc :

  • d’estimer la valeur d’une entreprise de manière rapide et standardisée,
  • de comparer plusieurs entreprises d’un même secteur,
  • de fixer un prix de vente cohérent lors d’une cession ou d’un rapprochement.

Mais ce multiple est le fruit d’un équilibre subtil entre la rentabilité, la croissance, les risques métier… et la dynamique spécifique de chaque secteur.

Les tendances 2024 des multiples EBITDA par secteur en France

Pour donner un aperçu concret de ces valorisations, voici une analyse des multiples moyens observés en 2024 en France. Bien sûr, ces chiffres sont des ordres de grandeur, à affiner selon le profil de chaque entreprise (taille, marge, dette, localisation…)

  • Technologies & SaaS : 7x à 12x

    C’est l’un des segments les plus dynamiques. Les entreprises du numérique, notamment les éditeurs de logiciels SaaS (Software as a Service), bénéficient de multiples élevés, portés par de fortes perspectives de croissance et des revenus récurrents.

  • Services B2B (conseil, marketing, RH) : 4x à 7x

    Un secteur stable, mais impacté par la dépendance à la valorisation du capital humain. Les sociétés récurrentes avec peu de dépendance client peuvent prétendre à la fourchette haute.

  • Industrie & production : 5x à 8x

    Les usines françaises qui misent sur la robotisation, la RSE et la spécialisation enregistrent de belles valorisations. Les sous-traitants pour les grands groupes industriels sont aussi prisés.

  • Distribution / e-commerce : 3x à 6x

    Les PME du retail subissent des pressions sur les marges, sauf si elles maîtrisent leur chaîne logistique ou disposent d’une marque forte. Le e-commerce orienté niche performe mieux.

  • Agroalimentaire : 6x à 9x

    Les producteurs locaux à haute valeur ajoutée ou bios rencontrent une forte appétence des acheteurs. Mais attention à l’exposition aux coûts matière en 2024.

  • Santé & biotech : 8x à 13x

    Secteur très prisé, surtout pour les sociétés innovantes avec brevets. Les labos ou prestataires de santé digitale affichent des multiples dignes du private equity.

  • BTP & immobilier : 3x à 6x

    Les tensions sur les matières premières et le ralentissement du résidentiel pèsent sur les marges. Toutefois, les acteurs spécialisés en rénovation énergétique tirent leur épingle du jeu.

Les moteurs essentiels qui influencent les multiples

On pourrait croire que le chiffre d’affaires fait tout, mais la réalité est plus nuancée. Plusieurs facteurs influencent immédiatement la valeur :

  • La récurrence des revenus : un commerce de niche avec des abonnements fidélisants vaut mieux qu’un gros chiffre d’affaires volatil.
  • La croissance : une entreprise en forte expansion peut justifier un multiple élevé, même avec des marges modérées.
  • La rentabilité vs. le risque : une entreprise très rentable avec peu de clients ou dépendante d’un fournisseur unique verra son multiple pénalisé.
  • Le profil du dirigeant : attention. Les entreprises trop « founder dependent » peuvent se vendre à moindre prix, car leur continuité est perçue comme risquée.
  • La conjoncture macroéconomique : l’inflation et les hausses de taux impactent inévitablement les valorisations, surtout dans les secteurs à forte intensité capitalistique.

Vous dirigez une PME saine, mais aucun investisseur ne vous fait une offre à 8x comme dans la presse ? Pas de panique. Ces multiples tiennent toujours compte d’une due diligence serrée. L’idée est d’identifier vos points forts (et faibles) pour ne pas tomber dans le piège de la sur- ou sous-valorisation.

Quels secteurs seront sous les projecteurs en 2024-2025 ?

Certains secteurs borderont des sommets malgré les incertitudes géopolitiques et économiques. Voici les candidats les plus prometteurs :

  • La tech verte : start-up appliquant le numérique à la décarbonation, solutions de gestion énergétique… Ces PME attirent les fonds d’investissement thématiques.
  • EdTech & santé digitale : avec l’essor de l’apprentissage à distance et des consultations connectées, les solutions B2C et B2B de qualité montent en flèche.
  • Cyber-sécurité : la recrudescence des attaques pousse les ETI et PME à sécuriser en urgence leurs systèmes. Les prestataires spécialisés voient leurs valorisations grimper.

Et du côté des baisses ? Le retail classique, surtout généraliste, peine à maintenir son multiple. La concurrence en ligne, l’inflation et les salaires créent une pression constante sur les marges.

Comment optimiser son multiple EBITDA avant une cession ?

Avant de vendre, de lever des fonds ou simplement de faire une évaluation en interne, quelques actions concrètes permettent d’optimiser son multiple :

  • Fidélisez votre clientèle avec des offres récurrentes ou des abonnements. Plus la visibilité sur vos revenus futurs est forte, mieux c’est.
  • Structurez vos données comptables. Un reporting propre, au format investisseur (comptes retraités, projections 36 mois, analyses par produit…), valorise instantanément votre entreprise.
  • Sécurisez vos équipes clés à travers des dispositifs d’incentive. Un acheteur voudra s’assurer que vos talents ne partiront pas avec la vente.
  • Créez un effet d’échelle. Une croissance régulière (même modérée) fait monter le multiple en vertu du potentiel versus risque.
  • Anticipez vos relais de croissance : même sans chiffre, présenter une stratégie claire pour doubler le CA peut influencer favorablement vos discussions de valorisation.

Enfin, n’oublions pas : chaque euro d’EBITDA compte. Une relecture fine des charges, une mise en retraitement justifiée des éléments exceptionnels, une clarification des parties liées… Tout cela peut faire gagner un demi-point de multiple, voire plus.

L’importance d’un benchmark sectoriel régulier

En tant que dirigeant de PME, vous êtes probablement concentré sur l’opérationnel. Mais prendre le réflexe d’observer, une fois par semestre, les valorisations de votre secteur ou les transactions comparables devient aujourd’hui un exercice stratégique. Cela permet :

  • d’identifier des opportunités de croissance externe,
  • de se positionner face à d’éventuels investisseurs,
  • ou simplement d’évaluer la performance de votre gestionnaire ou DG si vous êtes actionnaire passif.

Vous pouvez aussi vous rapprocher de votre expert-comptable, d’un analyste sectoriel ou d’un cabinet spécialisé en évaluation d’entreprise pour obtenir un rapport de valorisation réaliste et contextualisé.

Un outil au service d’une vision long terme

Le multiple EBITDA ne doit pas être utilisé comme une baguette magique, mais comme un indicateur dynamique, évolutif et lié intimement à la stratégie de l’entreprise. C’est davantage un miroir qu’un objectif figé. Il reflète ce que l’on a construit dans le temps… et ce que l’on est capable de proposer pour l’avenir.

Alors, au lieu de demander « combien vaut mon entreprise ? », posez-vous plutôt cette question : « quelles actions puis-je mettre en place pour qu’elle vaille davantage demain ? »

By Remi